Je conte une dame, une amie
Un jour, un pécheur en quête d?espèces rares, la tête dans les nuages, dialoguait avec
Platon et à la lueur d?une torche, surveillait des pieds son filet. Soudain, il
sentit frémir très très doucement l?onde. Croyant à la visite surprise du roi
du continent bleu, le pécheur se saisit de son fusil. Et il plongea un regard
de défi dans son filet ? Une carpe ! Une carpe !
Une carpe plus courageuse que ses copines et surtout plus curieuse, avait obtenu de ses
parents l?autorisation d?aller exploiter les profondeurs mystérieuses d?autres
eaux, surtout pécher algues et nénufars plus enrichissants. De brasses en
brasses, elle se glissa dans le filet? Le regard?Le regard plongea dans les
dorures éclatantes, dans les yeux profonds et malicieux. Hypnotisé, le pécheur
voulut plonger? A quoi la carpe répondit d?un air entendu: << ce
n?est pas la peine, laisse moi remonter, j?ai pris cette forme pour arriver
plus vite>>. C?était l?époque où les animaux parlaient et se
transformaient? C?était à Bordeaux. Et la mer et les étoiles de célébrer cette
rencontre, ce conte. Le pécheur comblé, rangea à jamais son filet et manda la
nouvelle dans son pays. Mame Sédar convoqua l?assemblée des anciens (Leuk Daour
Ndiaye, Mame Coumba Lamb, Kumba Bang, Mbossé et Randatoula fée qui bénirent.
Mame Moussé et Marie débarquèrent d?abord à Dakar.
Ensuite Marie fière de sa prise de Samba Linguère, l?invita au pays des hommes
intègres? Surprise ! Père Fulgence soumit le sara a un véritable parcours
de combattant. Le disciple de Kocc convoqua Adonis avec les envolées de
Cicéron. S?armant de la patience d?un joueur de Yotté, il leur expliqua le
tableau de Raphael. Ainsi à quatre reprises, il remporta la palme et la délibération
du vendredi le déclara champion. Tel est le conte de la rencontre Mame Moussé
Diagne Andrée Marie Bonané.
Deux êtres,deux destins. Une rencontre, un destin, une vie.
Une vie que vous connaissez tous, vous qui êtes présents ici et que vous appréciez. Parce que Mame Moussé Diagne et Andrée Marie Bonané Diagne sont devenus pour tout ce qu?ils font, pour tout ce qu?ils
représentent, un couple public, un repère, un modèle, une école.
Permettez-moi de parler d?Andrée Marie Diagne Bonané, le professeur, l?éducatrice.
Je salue le professeur à la pédagogie innovante parce que adossée à la conviction qu?aucun
cas d?école n?est désespéré : pour elle à chaque enfant il faut donner sa
chance. C?est une pédagogie basée sur le respect, la confiance accordés à
l?apprenant qu?il faut responsabiliser. En somme une pédagogie de la réussite
avant la lettre.
Nelson Rolihlala Mandela dit : <qu?on puisse utiliser pour changer le monde>>. Et cela, l?éducatrice
Marie l?a bien compris et l?applique tous les jours et partout. Elle le fait
par le verbe, le geste, le regard, le silence (on se comprend).
Ses qualités,intégrité, honnêteté : ni corruption ni compromission, elle est
intraitable, ce qui se comprend.
Travail : certainement héritée de ses origines, cette boulimie du travail
à tout moment et surtout un travail bien fait.
Générosité et partage. Elle donne tout, elle partage tout, surtout à retenir d?elle la
discrétion, la courtoisie avec lesquelles elle donne. Donner pour elle, c?est
comme manger et boire.
Ses défauts,son portefeuille, elle le sollicite constamment. Quand elle te dit allons
saluer quelqu?un, il faut appeler ton banquier.
Le verbe fatiguer, elle ne le conjugue point, des vacances, elle n?en prend pas. D?âge,
elle n?en a pas !
Son rythme est insoutenable et vous vous demandez comment elle fait.
Shuuut un secret, elle se drogue ! Comment ?
Le sommeil et le café Touba.
Et moi Aissatou Ba dans tout cela ?
Par un après midi des années 80, au détour d?une conversation avec mon défunt cousin Abou
Toure (que Dieu ait pitié de son âme), Andrée Marie est venu me chercher pour
guider mes pas hésitants dans la jungle de Dakar. Et depuis lors, nous ne nous
quittons plus malgré mon caractère rebelle. Quand je boude et suis
<> elle accélère la cadence pour que je me reprenne. La
décourager ? Impossible ! Et dame partage, la main prédestinée s?élève
au dessus du champ et sème par ci par la les graines fertilisantes du savoir
qu?elle puise abondamment dans l?océan de ses connaissances.
Quand l?adage dit qui sème le vent récolte la tempête, Marie qui a sème la générosité,
le partage est conviée aujourd?hui au banquet de la poésie du théâtre du conte,
de la fable où la romance d?une dame profondément humaine, est déclinée dans
tous les tons.
Ronsard semant Du Bellay, Voltaire Boileau, Delafontaine pendant qu?Hugo contemplant
l?infini, convoque Sédar saisit Césaire qui arraisonne le corsaire du négrier.
Et le tout conté par Birago.
Marie, Jean Jacques Rousseau a dit : << la jeunesse est l?âge où se cherche la
sagesse ; la vieillesse est l?âge où se pratique la sagesse>>. Ce
que tu as bien compris. Et à la question de Verlaine : <qu?as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ?>>, tu pourras
rétorquer : mes années folles de jeunesse, je les ai passées à fortifier
les corps, à réconforter les désespérés, à former et à formater les âmes et les
esprits.
Et moi Aissatou Ba, je dis merci à l?amie pour m?avoir fait une place privilégiée dans
ton océan de c?ur. Je joins ma petite voix, à la symphonie polyphonique, hymne
qui déchire l?air et se mêle aux chants des vagues pour célébrer une grande
dame au c?ur d?or, à la téranga légendaire, plus sénégalaise que les sénégalaises,
et pas peu fière de la culture de ses pères.
Merci à Mame Moussé Diagne et à Mamadou Moustapha Mbengue, grands messieurs, époux adorables
d?avoir soutenu et encourage cette belle amitié.
Initié-inibara, foobarka, foodiinii, toum toogo,bouska barka, toum toogo.
Dakar, le 16 Mai 2015
AissatouBA MBENGUE
Professeurde Français
Secrétaire chargée des ressources du
REPROF/EFFA
aissatouba5@gmail.com
Dernière modification le dimanche 17 Mai 2015 à 16:05:18
